Clément Surun, expert biodiversité, aidé par Morgane Gonon et Antoine Levasseur se sont interrogés sur un volet important la préservation de la biodiversité, la destruction des milieux d'habitats, et par extension l'artificialisation des sols. C'est l'un des grands sujets de la loi Climat et Résilience car fixe une trajectoire pour aller vers une artificialisation nette nulle (ZAN). En partant de cet objectif écologique, quelle dette contractons-nous alors vis-à-vis de la Nature ?
Pour comprendre ce qu'implique cette artificialisation, il est intéressant de se pencher sur les conséquences de cette pression sur l'environnement : amplification des risques d'inondations, perte de la biodiversité par disparition des écosystèmes ou rupture des continuités écologiques, réchauffement climatique, pollutions, réduction de la capacité des terres agricoles à nous nourrir et renforcement des îlots de chaleur en zone urbaine.
Les chercheurs ont alors comparé le nombre d'hectares artificialisés avec le seuil maximum prévu par la loi, et en ont déduit une dette biophysique de 19,9 km² contractée pendant la seule année 2021. Lorsque l'on multiplie cette dette biophysique par des estimations de coût de désartificialisation, cette dette est alors entre 2 et 7 milliards d'euros. Or, en 2021, seul 1 milliard d'euro à été consacré à la désartificialisation des sols. Notre pays, lors de la première année d'application de la loi, a donc eu un déficit budgétaire entre 2 000 et 6 000% envers le sol.
Le manque de précision n'occulte pas la vitesse d'accroissement de la dette : compte tenu du fait que la trajectoire devient de plus en plus contraignante, ce déficit pour l'année 2050 avec la même activité aurait été de l'ordre de 70 fois plus important.