Contes de bénévoles

Comme de nombreuses associations, le Campus de la Transition repose en grande partie sur du bénévolat. Mais à quel point ? Et, surtout, comment compter ce conte bénévole ?  

Le cadre légal ou la situation initiale

La loi1 fixe un cadre, point de départ à ce récit. La nature et l'importance du bénévolat étant des éléments essentiels à la compréhension de l'activité du Campus, il faut que nous soyons en mesure de recenser et valoriser ce bénévolat et, plus largement, tout ce que l'on donne gratuitement à l'association : les « contributions volontaires en nature ». Pauline Nourtire, comptable du Campus, a donc entrepris ce chantier pour l'année 2024.

Une manière très conforme aux pratiques professionnelles de présenter ce travail pourrait être : « En appliquant dans la mesure du possible les principes comptables sur l'exercice 2024, le bénévolat représente 18 950 heures, soit 10,41 ETP. La valorisation monétaire, reposant sur une estimation du coût d'accès aux travaux réalisés bénévolement s'ils étaient acquis sur le marché, conformément aux pratiques habituelles, permet d'aboutir à une valorisation totale de 441k€. »

En soi, le règlement ne précise pas la manière dont doivent être recensées ou valorisées les « contributions volontaires en nature ». Pourtant, la manière de rendre visible un engagement sans contrepartie revient, au pied du compte de résultat, à le considérer finalement comme similaire à un travail marchand.

Interprétation contable

Il y a toutefois d'autres manières de lire les fichiers de Pauline. La première étape, pour rendre visible l'importance du bénévolat, pourrait être d'expliquer à quoi contribuent ces 18 950 heures.

L'activité la plus importante est celle des « bénévoles court terme », pour 6 189 heures soit 32,7% du bénévolat recensé. Ces activités correspondent principalement à des tâches de soin du domaine de Forges, de la cuisine au bricolage en passant par le jardin et le ménage. Dans l'organisation quotidienne du lieu, ce travail est essentiel pour garantir des conditions d'accueil de qualité.

L'organisation de la vie collective, Vie Commune, représente 4 771 heures, soit 25,2% du bénévolat. La possibilité de s'immerger dans cette vie collective, si chère pour la réalisation de l'objet social de l'association, repose beaucoup sur cet engagement.

La vie des instances démocratiques de l'association représente 1471 heures, soit 7,7% du bénévolat répartis entre les participations à l'Assemblée Générale (630 heures), aux Conseils d'Administration (573 heures), et aux Bureaux (269 heures). Ces montants sont à compléter par les différentes instances moins courantes que le Campus met en place (Comités éthique, académique, pédagogique etc.), représentant 793 heures soit 4,2% du total. Enfin, du travail pro bono d'avocats, et des interventions gracieuses dans les formations complètent le tableau.

Mais surtout, derrière ces chiffres, ce sont 250 personnes dont les histoires ont, au moins quelques heures cette année, croisées celle de l'association. Comment valoriser monétairement ces engagements pour ce qu'ils sont ? Notre comptabilité tourne autour de notre solvabilité financière, d'où l'équivalence avec du travail marchand, mais nous assurons-nous que les bénévoles trouvent suffisamment de valeur dans leur engagement pour que celui-ci perdure ?    

Une fin heureuse ?

La comptabilité écologique propose, si nous considérons comme capital ces engagements bénévoles, de rendre visible comment continuer à les faire advenir. Et, si les contes de notre histoire collective ne seront pas présentés sous ce format à l'Assemblée Générale, c'est une préoccupation que nous essayons d'intégrer dans la gestion. En aménageant le planning des « bénévoles court terme » pour leur permettre d'avoir accès aux formations par exemple. Mais faisons-nous assez ? Car, chacun et chacune ayant sa relation personnelle au projet, c'est bien en changeant tout le système que nous pourrons vraiment devenir comptable de ce qui compte vraiment.